Justin' Love by H. V. Gavriel

Auteur:H. V. Gavriel [Gavriel, H. V.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: M/M
Éditeur: Éditions Textes Gais
Publié: 2013-11-13T23:00:00+00:00

Il cavale jusqu’à la salle de bains pour récupérer le précieux aérosol dans l'armoire à pharmacie, tandis que je m'efforce d'ordonner à mes poumons de fonctionner. Il m'aide à me redresser, me tend la Ventoline, je respire profondément, deux ou trois exhalaisons, ça va déjà mieux, je respire à petits coups, niché dans les bras de mon Frédo qui passe sa main dans mon dos en cercles réguliers, et accompagne ma respiration laborieuse de ses encouragements.

Il a l'habitude le pauvre, ma première crise d'asthme, enfin, la première dont je me rappelle, c'est devant lui que je l'ai faite, on avait quatre ou cinq ans. Je venais de me faire piquer mon camion rouge de pompier par un plus grand. Et j'ai pleuré. Et quand Frédéric est arrivé, qu'il m'a vu pleurer, il m'a pris dans ses bras et m'a demandé ce qui s'était passé, et je lui ai raconté. Il était en colère, je l'ai vu serrer ses petits poings. Et j'ai eu très peur, peur qu'il ne m'aime plus parce que c'était lui qui m'avait offert ce beau camion pour Noël, et que je n'avais pas été fichu de le garder, du fait que j'étais un bon à rien comme disait mon père. Alors j'ai pleuré encore plus fort, avec de gros sanglots qui m'étranglaient, et Frédo était de plus en plus en colère, et tout à coup, l'air ne rentrait plus dans ma poitrine, je suffoquais, je suis tombé en arrière dans le bac à sable, je ne voyais que le ciel bleu, et un gros nuage en forme de nounours dans le ciel. Je n'entendais plus rien, et tout à commencé à devenir noir, et j'avais froid. Et puis j'ai vu le visage de Fred au-dessus de moi, ses yeux noirs qui me tenaient, me retenaient, ses mains qui appuyaient sur ma poitrine pour me forcer à respirer, sa voix qui criait « respire, respire Justin ! » Il m'a sauvé la vie ce jour-là, j'en suis sûr, le temps que la maitresse arrive, puis l'infirmière, qui m'a fait respirer de la Ventoline, en attendant l'ambulance.

Il y en a eu bien d'autres des crises, grosses ou petites, dans les années suivantes, mais je pensais bien être débarrassé de tout cela depuis quelque temps. J'avais fait une cure de désensibilisation, sur les conseils de Pierre, le père de Fred, quand je vivais chez eux, et ça avait bien marché. Je commence à respirer mieux, et puis le fil interrompu de notre conversation me revient à l'esprit. Faire un choix. Je n'y avais même pas pensé un seul instant. Janko. Louis. Et Roberto ? Je n'en ai parlé à personne, de celui-là. Je ne sais même pas ce qu'il y a entre nous. Je n'ai pas couché avec lui. Peut-être que ça n'arrivera jamais, qui sait ? Mais il compte, quand même… j'ai son image sous ma peau, même au cœur de mes rêves. Comment ma vie si simple est-elle devenue si compliquée sans que je m'en rende compte ?

Rompre avec Janko si je dois poursuivre avec Louis ? Impossible.

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